.

 

 

 

<------- Accueil de la section sur le soufisme Accueil du site "Islamica"    Accueil du site "Orient"          ----->                                                                   

 

  Introduction

 

� Ralph Stehly, Professeur d'histoire des religions, Universit� Marc Bloch, Strasbourg

 

La mystique musulmane est �galement appel�e soufisme (ar. tasawwuf), de l'arabe s�f, qui signifie "laine", parce que les premiers soufis portaient un froc de laine.

L'islam quotidien

Quand on parle de mystique islamique, il faut se souvenir que l'islam fondamental pr�sente d�j� des traits mystiques accentu�s. Dans la pri�re canonique  (5 fois par jour), le musulman (c-�-d) "celui qui se donne enti�rement � Dieu" vit dans l'humilit� sa condition de cr�ature et rend hommage � la seigneurie du Dieu unique. Les plus z�l�s y ajouteront la vigile nocturne (qiy�m al-layl), qui dure un tiers de la nuit. C'est ce que l'on appelle la pri�re davidique:

"La pri�re la plus agr�able � Dieu, dit la tradition islamique, est celle que faisait David: il dormait la moiti� de la nuit, priait le tiers de la nuit et dormait pendant le dernier sixi�me de la nuit".

Le je�ne du Ramadan peut se prolonger dans une observance asc�tique encore plus marqu�e: les je�nes sur�rogatoires (c-�-d facultatifs): je�ne de Achoura (qui correspond exactement � celui du Yom Kippour dans le juda�sme), dans le je�ne bi-hebdomadaire (le lundi et le jeudi da chaque semaine) et le je�ne de David (je�ner un jour sur deux). Il est interdit de je�ner de mani�re permanente.

La tradition islamique recommande au croyant de se retirer p�riodiquement dans les mosqu�e, c'est la retraite pieuse (i'tik�f).

Le Proph�te

Mohammed, l'initiateur de l'islam, eut une vie riche en pratiques asc�tiques et en exp�riences mystiques. Lui-m�me pratiqua la vigile nocturne (Coran 73). Avant sa vocation, il se retirait p�riodiquement dans une grotte du mont H�r�' pour y prier et je�ner.

Dans la vie du Proph�te, il y a deux sommets mystiques: la Nuit du Destin (26 au 27 ramadan 610) et le Voyage Nocturne (en 621) suivi de son ascension � partir de l'esplanade du temple de J�rusalem. Durant la Nuit du Destin, Mohammed passa, comme dans toutes les vocations mystiques, par une exp�rience de souffrance et de mort suivi d'une r�g�n�ration. "Ce fut le surgissement de l'aube (falaq as-subh), dira la Tradition", ou encore "le coeur de Mohammed fut circoncis par la foi".

Au ciel, le Proph�te boit une coupe de lait, il est appel� Bien-Aim� de Dieu (hab�b), il y re�oit le Coran (savoir exot�rique) et un savoir �sot�rique. Pour le chiisme, ce savoir �sot�rique Mohammed le transmettra � Ali, qui le transmettra � son tour � ses successeurs.

Le Coran

Il y a aussi dans le Coran de nombreux versets qui incitent � une int�riorisation de l'islam. Notamment Coran 22.38, � propos des sacrifices "Ce n'est pas la sang des victimes, c'est la pi�t� qui monte � Dieu", et 2.263: "Une parole d'affection vaut mieux qu'une aum�ne qui blesse".

Les premiers mystiques

Il y eut d�j� des tendances mystiques chez certains Compagnons du Proph�te (musulmans de la premi�re g�n�ration): Ab� Dharr, Salman al-F�risi,  Imr�n ben Husayn Khuz�'� (mort en 52/672),  Ali (cousin et gendre du Proph�te) ou encore les Compagnons de l'Auvent ( pieux et pauvres musulmans qui logeaient � la mosqu�e du Proph�te � M�dine,  dans la cour sous un auvent)

Parmi la deuxi�me g�n�ration, il faut citer notamment:

Hasan al-Basr� (21/643 - 110/728) : connu pour son insistance sur le scrupule religieux (wara') qui l'incitera � s'abstenir de toutes les oeuvres juridiquement douteuses et sur l'examen de conscience quotidien (muh�saba).

Plus tard,

Rab�'a al-'Adawiyya (morte � Basra en 801 � l'�ge de 81 ans), introduit dans la mystique musulmane la notion de l'amour (hubb) r�ciproque entre l'homme et Dieu (en se fondant sur Coran 5.54).

Al-Hall�dj (858-922): pour lui l'�lan qui porte l'homme vers Dieu ne conduit pas � un simple contact (ittis�l) entre l'�me de l'homme et Dieu, mais une v�ritable inhabitation (hul�l); l'Esprit de Dieu habite, sans confusion de nature, l'�me purifi�e du mystique. Cf. L'oeuvre de Louis Massignon sur Hall�dj.

Ghaz�l� (1039 en Iran � 1111): longtemps professeur de th�ologie � Bagdad, il mena par la suite pendant 10 une vie de retraite religieuse � J�rusalem, � M�dine et � La Mecque. Il a essay� d'insuffler par une mystique mod�r�e un souffle nouveau dans un islam qui mena�ait de s'ankyloser dans un pur formalisme juridique. Voir Henri Laoust, La politique de Ghaz�l�.

Ibn 'Arab� (1165 � Murcie en Espagne � 1240 � Damas) fut le chantre du monisme existentiel. Pour lui, il n' y a qu'une seule r�alit� ontologique derri�re toutes les manifestations de l'universel:

Mon c�ur est capable de devenir toute les formes distinctes: il est le clo�tre du moine chr�tien, un temple pour les idoles, une prairie pour les gazelles, la Ka'ba du p�lerin, les Tables de la Loi de Mo�se, le Coran;;; Amour est mon credo; de quelque c�t� que se tournent mes chamelles, amour est toujours mon credo et ma foi.

Nombreuses �uvres traduites en fran�ais: voir bibliographie.

'Umar ibn al-Farid (n� au Caire en 1181, mort en 1235) a men� toute sa vie en ermite sur les falaises cairotes du Muqattam o� son tombeau est v�n�r�. Surnomm� le Sultan des Amoureux (de Dieu), son �uvre la plus c�l�bre est L'�loge du Vin, qui chante l'ivresse mystique.

Nous avons tous bu � la m�moire du Bien-Aim� (Dieu) un vin qui nous a enivr�s avant la cr�ation de la vigne�

Jal�l ad-d�n R�m�, fondateur de l'ordre des derviches tourneurs, qui m�dite sur Dieu par la danse. Son �uvre majeure est le Mathn�w�, immense somme po�tique de 47.000 vers.

Parmi les chiites, citons surtout Sohravard�.

La vie mystique

Les soufis �taient des hommes et des femmes tr�s pieux qui s'attachaient � respecter la lettre de la Loi jusque dans les moindres d�tails, priaient et je�naient constamment, faisaient continuellement m�moire de Dieu (dhikr), et s'en tenaient strictement au Coran et � la Sunna (la Tradition proph�tique).

Malgr� l'exemple du Proph�te qui �tait mari�, malgr� les exhortations de celui-ci � la cr�ation de familles, (voir ici ) il r�gnaient chez ces premiers asc�tes de l'islam une pr�f�rence pour le c�libat. Cependant la r�gle g�n�rale �tait le refus du c�libat. Ahmad-i Jam avait 42 enfants et 'Abd al-Q�dir al-Dj�l�n� 49 fils.

Les soufis vivaient dans la pauvret�. Pour eux le plus grand bonheur �tait de vivre libre de tout attachement mondain ("libre de tout, sauf de Dieu", dira Ghaz�l�), m�me s'ils n'avaient qu'une tuile comme coussin pour dormir, ou une simple natte, � moins qu'ils ne pr�f�rassent dormir assis ou m�me renoncer � tout sommeil (voir le Livre de la Pauvret� et du Renoncement de Ghaz�l�). (sur le renoncement dans l'hindouisme, voir ici et ici)

 

Bibliographie   

Les premiers soufis: Ab� Dharr al-Ghif�r�   Salm�n al-F�ris�  Uways al-Qarani Hasan al-Basr�  Rab�'a al-'Adawiyya     Dh� n-N�n al-Misr�  Ab� Yaz�d al-Bistam�  Yahy� b. Mu'�dh Al-H�rith al-Muh�sib� Tirmidh�

Introduction, les confr�ries, l'initiation, la voie mystique l'adoration soufie, ma�tre et disciple  Makk� et Ghaz�l�, Hall�dj, Sohravardi, Dj�l�n�

Vie de Mohammed: Mohammed � La Mecque, ,Mohammed � M�dine Les cinq piliers de l'islam  th�ologie musulmane  Coran Sunna Soufisme Islam contemporain

 Hindouisme  Juda�sme Bouddhisme Christianisme Islam Histoire des Religions Sinica Contact

Copyright Ralph Stehly. Reproduction interdite, sauf dans dans un but non-commercial, et � condition de mentionner la source et l'auteur

 

Francité

 

 

 

OSZAR »